Dernier mouillage paradisiaque au Cabo Cruz avant d’attaquer un long périple vers la république Dominicaine ou nous devons rejoindre Emeric, le frère d’Estelle, et sa famille.
Près de 500 milles contre le vent et les courants au programme…
Nous décidons de faire un stop en Jamaique. Nous quittons Cuba dans un alizé modéré et nous tirons quelques bords avant de pouvoir pointer l’étrave d’essentiel directement sur notre destination… navigation au près serré avec un vent modéré, c’est relativement confortable et on n’avance pas trop mal malgré 1 à 1,5 nœud de courant contre. Au petit matin, nous ne sommes plus qu’à 20 milles des côtes jamaïcaines… Nous mettrons 6 heures pour faire les derniers milles. Une autoroute à grains nous barre d’abord le passage obligeant à se mettre en fuite puis à rentrer les voiles…Avant que le vent ne tourne pour venir directement dans le nez… Pour compenser, nous attrapons un joli thon après en avoir loupé un autre.
Nous arrivons dans une magnifique baie parfaitement protégée et très verdoyante… Escale malheureusement très courte, 24h à peine, car la météo semble nous offrir une fenêtre pour aller vers la république Dominicaine. Nous avons 400 milles à faire ce qui n’est pas une longue distance mais plusieurs problèmes : c’est plein Est et le vent souffle d’Est, il y a des courants forts entre la Jamaique et Haïti, nous ne voulons pas faire d’escale à Haïti compte tenu de la situation dans le pays et enfin il y a un cap important au Sud de la République Dominicaine (le cap Béata) qui engendre un effet Venturi majeur…
La météo annonce des vents de 10 à 15 noeuds jusqu’au Cap Béata ce qui doit nous permettre de naviguer dans des conditions confortables. Impossible de tirer des bords, un courant de 2,5 nœuds nous cueille entre la pointe de la Jamaique et celle d’Haiti… On louvoie à plat c’est donc au moteur que nous avançons doucement (6 noeuds surface mais uniquement 4 sur le fond… nous sommes sur un tapis roulant qui avance dans le mauvais sens ! heureusement le courant finit par se calmer un peu mais reste entre 1 et 1,5 nœuds contre) mais le vent se renforce et monte au dessus de 20 nœuds… La mer commence à se creuser, les vagues tapent, les embruns traversent tout le bateau qui se couvre d’une croute de sel épaisse… La navigation au près est éprouvante pour l’équipage mais aussi pour le bateau… Une corde casse pendant la nuit (corde du lazy bag casse aucune gravite mais la corde est montée en haut du mat), le capitaine va être obligé de monter dans le mat… Nous décidons pour rendre la manœuvre plus facile de nous rapprocher de la côte et se mettre un peu à l’abri de la houle derrière la pointe gravois en Haiti… montée au mât rapide et sans trop de problème malgré la houle…
Nous voilà reparti entre bords et moteurs afin de gagner le plus possible dans l’Est. La nuit ,le vent monte à 30 nœuds… le moral et le physique en prend un coup. Ca tape dur, on n’avance pas ou presque, on n’a presque plus d’essence et il est sûr que nous ne pourrons passer le cap avant le coup de vent qui s’annonce. On commence à douter, on se dit qu’il vaudrait peut-être mieux faire demi-tour et s’arrêter à l’île à vache à Haiti… Le vent se calme ce qui nous incite à poursuivre notre route vers l’Est. Nous décidons de rejoindre la base du cap, à Cabo Rojo où nous pourrons nous reposer et ravitailler en carburant on l’espère… On loupe un magnifique et gros Marlin que l’on voit sauter au bout de notre ligne…
Nous arrivons en fin d’après midi dans un vent horriblement fort 35 à 40 nœuds à Capo Rojo. Mouillage bien abrité malgré le vent fort, eau turquoise et plage devant l’étrave…
Nous rencontrons 2 autres bateaux français qui font la même nav : tout le monde est exténué et les 2 autres bateaux ont des avaries. Un a été obligé d’appeler les gardes côtes pour arriver jusque là (panne moteur, voiles déchirées). Le garde côte leur a cassé un hauban lors de la manœuvre de remorquage… Les naufragés du bout du monde…
Nous ferons un apéro-repas mémorable pour oublier tout ça avec les équipages de Wahkuna et Brimbelle (Martine et Gaetan).
Nous avons récupéré physiquement et moralement, nous avons trouver de l’essence mais reste ce cap Béata à passer et pour l’instant ça souffle entre 35 et 40 nœuds… Les cousins doivent arriver dans 4 jours…
Nous décidons de remonter un peu le long du cap. Nous découvrons un mouillage absolument superbe : la bahia de las aguilas. Imaginez une plage de sable blanc de 4 km de long, une eau d’un turquoise extraordinaire, une jolie végétation et quelques falaises en arrière plan… la carte postale parfaite et nous sommes dedans !! C’est absolument désert, aucune construction, 1 seul autre bateau au mouillage… Un paradis malgré le vent qui ne faiblit pas. Le vent doit un peu se calmer et la famille devant arriver nous décidons de nous remettre en route. Nous arrivons à la pointe du cap, où le vent souffle toujours à plus de 35 nœuds…Impossible de passer dans ces conditions. Nous mouillons donc au cap sous le vent de l’ile de Béata. Le lendemain, le vent est un peu plus maniable (25 nœuds avec rafales à 30) et nous décidons de tenter notre chance… Nous réussissons à passer le Cap en tirant un grand bord au large. Il nous reste 24h de navigation pour rejoindre notre point de RDV avec Emeric. Eux viennent d’arriver et passeront donc une nuit à l’hôtel en attendant. La navigation se fera encore et toujours au prêt puis au moteur…
Nous finissons par arriver en milieu d’après midi à Boca Chica… et puisque décidément les éléments sont contre nous, nous sommes cueillis par des grains phénoménaux juste avant notre arrivée au port. Nous avons 50 noeuds de vent, des trombes d’eau et des éclairs et le tonnerre. Un éclair tombe à quelques dizaines de mètres du bateau avec un tonnerre assourdissant… Cela dure 1h puis grand soleil et plus un souffle de vent…
Nous nous amarrons avec grand plaisir au ponton de la marina ! C’est fini !
Ces navigations ont été de loin les plus éprouvantes que nous ayons fait. Longues, fastidieuses et éprouvantes aussi bien physiquement que moralement.
Nous ne le découvrirons que le lendemain mais un des haubans d’Essentiel est partiellement cassé. Les haubans sont les câbles en acier qui tiennent le mat… Essentiel en a trois, 1 sur chaque coté et 1 devant. Si l’un casse, le mat tombe… Le bateau a donc souffert…Il va falloir réparer et malheureusement il n’y a pas de gréeur en république Dominicaine et en attendant nous ne pouvons plus naviguer à la voile…
Pour l’instant, il est temps de retrouver Alexandra, Emeric, Elisa et Valère et profiter des quelques jours que nous avons à passer ensemble…
l’eau turquoise!!! l’eau turquoise !!!!….
magnifique !